Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.4-1820.djvu/67

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Ou mon autorité maintiendra cette loi.

Du corps de ce mutin, gisant dans la poussière, [1095]

Le ventre des corbeaux sera le cimetière;

Et se tienne assuré d'un cruel châtiment

Quiconque lui destine un autre monument.

Cléodomas

Sire, quel malheureux, après votre défense,

Pour l'intérêt d'un mort prendrait cette licence ? [1100]

Créon

Toujours, quelque rebelle, en un règne naissant,

Croit faire un coup d'état en désobéissant,

Et se jette à clos yeux au danger plus extrême,

Au mépris de son prince, au mépris de soi-même :

Mais son crime est utile et contient quelquefois [1105]

De plus mutins que lui dans le respect des lois :

Suffit que si mon fils enfreignait ma défense,

Son sang, son propre sang en laverait l'offense,

Et que j'ai des Argus aux coteaux d'alentour

Qui feront leur devoir d'y veiller nuit et jour. [1110]



Scène II

Les mêmes, Un Capitaine

.


Le Capitaine

Ô vertu criminelle ! Ô pitié funeste,

Du mépris de la mort preuve trop manifeste !

Créon

Qu'est-ce ? Quelle nouvelle ?

Le Capitaine

Ah ! Quel est mon malheur,

D'avoir été commis pour instrument du leur !

Créon