Mais vous voyez qu'on meurt pour trop suivre vos lois,
Qu'on en acquiert la gloire et la mort à la fois :
L'honneur qu'on porte aux siens devient illégitime ;
Et trop de naturel passe aujourd'hui pour crime. [1490]
J'attendais bien de vous ce premier mouvement ;
Je ne puis condamner votre ressentiment.
Mais, Seigneur, la princesse, encore pleine de vie,
N'a pas de ce cruel la fureur assouvie.
Quel est donc cet arrêt ?
Il commet à la fin, [1495]
Invisible bourreau, cet office inhumain ;
Et dessous Cythéron l'a fait enfermer vive,
Attendant qu'une mort de tant de morts la prive.
Mais rien n'ébranle-t-il sa résolution ?
N'as-tu rien oublié de ta commission ? [1500]
L'as-tu fait souvenir que c'est de sa main même
Que je tiens cet objet de mon amour extrême,
Que ce qu'il a fait naître il dut l'entretenir,
Qu'il a lui-même joint ce qu'il veut désunir ?
Sait-il que je m'avoue un peu trop téméraire, [1505]
Et que je me veux mal d'avoir plus lui déplaire ;
Que je n'ignore pas l'honneur que je lui dois,
Mais que le désespoir lui parlait par ma voix ;
Qu'il doit considérer le feu qui me dévore,
Et qu'il me veut ravir un objet que j'adore ? [1510]
Enfin, l'as-tu prié que, si mon devoir
Ni mes soumissions ne peuvent l'émouvoir,