Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.4-1820.djvu/99

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Sur le trône thébain ne demeure impunie : [1765]

Croyez que Cadme, Laie, Oedipe et ses enfants,

Ne vous ont en leur sort précédé que du temps.

Que des dieux Tyrésie annonçait la pensée,

Elle parlait à vous, non pas à Ménécée :

« La race de Python ne cessera qu'en vous ; [1770]

C'est sur vous que du ciel doit tomber le courroux. »

Mais puissent être vain les maux qui vous prépare !

Qu'il vous soit aussi doux que vous m'êtes barbare !

À ma fureur encore quelque respect est joint,

Et je serai content qu'il ne ma venge point. [1775]

Toi qui me fus ravie aussitôt que donnée,

Vertueuse beauté, princesse infortunée,

Allons, unis d'esprit sans commerce de corps,

Achevez notre hymen en l'empire des morts.


Il meurt sur le corps d'Antigone.


Créon

Ô mort ! Joins mon trépas aux effets de ma rage ! [1780]

Sors, mon âme, et mets fin à ce tragique ouvrage.


Il s'évanouit


Ephise

Il tombe évanoui, sans force et sans chaleur.

Tu devais, vain regret, précéder ce malheur !

Cléodomas

Ô ciel ! Qu'aux châtiments ta justice est sévère,

Et qu'il est dangereux d'exciter ta colère. [1785]

Ismène, à part

Lâche, ne puis-je donc faire un dernier effort ?

Mourrai-je mille fois pour la peur d'une mort ?