Scène IX
Mon fils, quel désespoir trouble votre pensée,
Et de quel vain regret est votre âme pressée ? [1745]
À quel point vous emporte une funeste amour !
Faites grâce à celui dont vous tenez le jour.
Retirez-vous, barbare ; évitez ma colère :
Je n'ai plus de respect, ni connais plus mon père.
L'état où m'a réduit votre inhumanité [1750]
Ma peut faire passer à toute extrémité.
Voyez, lion régnant, affamé de carnages,
Inhumain cœur humain, voilà de vos ouvrages :
Saoulez ce naturel aux meurtres acharné ;
Tenez, voilà le sang que vous m'avez donné ; [1755]
Ce corps qui fut à vous reste en votre puissance,
Et vous va par sa mort payer ma naissance.
Barbare, achève donc, achève ton dessein ;
Le coup est imparfait s'il ne passe en mon sein,
Et tu ne meurs pas tout si le jour me demeure. [1760]
Bientôt, bientôt le ciel vous marquera votre heure :
Cruel, ne doutez pas que son bras tout-puissant
Ne s'arme tôt ou tard pour le sang innocent ;
Le temps vous apprendra que jamais tyrannie