Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/204

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Étouffez cette haine, ou je prends la querelle ;

Duc, saluez Le Prince.

LE PRINCE, l'embrassant avec peine.

Ô contrainte cruelle.


Ils s'embrassent.


LE ROI

Et d'une étroite ardeur, unis à l'avenir, [325]

De vos discordes passés, perdez le souvenir.

LE DUC

Pour lui prouver, à quoi, mon zèle me convie,

Je voudrais perdre encore, et le sang, et la vie.

LE ROI

Assez, d'occasions, de sang, de combats,

Ont signalé pour nous, et ce coeur, et ce bras ; [330]

Et vous ont trop acquis, par cet illustre zèle,

Tout ce qui d'un mortel, rend la gloire immortelle,

Mais vos derniers progrès (qui certes m'ont surpris)

Passent tout créance, et demandent leur prix,

Avec si peu de gens, avoir fait nos frontières, [335]

D'un si puissant parti, les sanglants cimetières ;

Et dans si peu de jours, par d'incroyables faits,

Réduit le Moscovite à demander la paix ;

Ce sont des actions, dont la reconnaissance,

Du plus riche monarque, excède la puissance, [340]