Scène II
Cède, cruel tyran, d'une amitié si forte,
Respect, qui me retient, à l'ardeur qui m'emporte, [460]
Sachons si mon hymen, ou mon cercueil est prêt.
Impatient d'attendre, entendons mon arrêt ?
Parlez, belle ennemie, il est temps de résoudre ;
Si vous devez lancer ou retenir la foudre ;
Il s'agit de me perdre, ou de me secourir, [465]
Qu'en avez-vous conclu, faut-il vivre, ou mourir ?
Quel des deux voulez-vous ou mon coeur, ou ma cendre ?
Quel des deux aurai-je, ou la mort, ou Cassandre.
L'hymen à vos beaux jours, joindra-t-il mon destin,
Ou si votre refus, sera mon assassin. [470]
Me parlez-vous d'hymen ? Et voudriez-vous pour femme,
L'indigne et vil objet, d'une impudique flamme ;
Moi, Dieux ! Moi, la moitié d'un roi, d'un potentat !
Ha prince, quel présent feriez-vous à l'État !
De lui donner pour reine, une femme suspecte ; [475]
Et quelle qualité, voulez-vous qu'il respecte,
En un objet infâme, et si peu respecté,
Que vos sales désirs, ont tant sollicité !
Il y respectera, la vertu la plus digne ;
Dont l'épreuve, ait jamais, fait une femme insigne ; [480]
Et le plus adorable, et plus divin objet ;
Qui de son souverain, feint jamais son sujet ;
Je sais trop (et jamais) ce coeur vous approche,