Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/213

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Mais, quand j'estimerais vos ardeurs véritables, [515]

Et quand on nous verrait des qualités sortables ;

On ne verra jamais, l'hymen vous assortir,

Et je perdrai le jour, avant qu'y consentir ;

D'abord, que votre amour, fit voir dans sa poursuite,

Et si peu de respect, et si peu de conduite ; [520]

Et que le seul objet d'un dessein vicieux,

Sur ma possession, vous fit jeter les yeux ;

Je ne vous regardai, que par l'ardeur infâme,

Qui ne m'appelait point, au rang de votre femme ;

Et que par cet effort brutal, et suborneur [525]

Dont votre passion, attaquait mon honneur ;

Et Ne considérant en vous, que votre vice,

Je pris en telle horreur, vous, et votre service,

Que si je vous offense, en ne vous aimant pas,

Et si dans mes voeux seuls, vous trouvez des appas, [530]

Cette offense est un mal, que je veux toujours faire,

Et je consens plutôt, à mourir, qu'à vous plaire.

LE PRINCE

Et bien, contre un objet, qui vous fait tant d'horreur,

Inhumaine, exercez toute votre fureur,

Armez-vous contre moi, de glaçons et de flammes, [535]

Inventez des secrets, de tourmenter les âmes ;

Suscitez terre, et ciel, contre ma passion,

Intéressez l'État, dans votre aversion ;

Du trône, où je prétends, détournez, son suffrage,

Et pour me perdre enfin, mettez tout en usage ; [540]

Avec tous vos efforts, et tout votre courroux,

Vous ne m'ôterez pas l'amour, l'amour que j'ai pour vous ;

Dans vos plus grands mépris, je vous serai fidèle ;

Je vous adorerai, furieuse ou cruelle ;