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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/224

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Que m'avez-vous produit indiscrètes pensées,

Téméraires désirs, passions insensées ?

Efforts d'un coeur mortel, pour d'immortels appas,

Qu'on a d'un vol si haut, précipités si bas ; [770]

Espoirs qui jusqu'au ciel souleviez de la terre,

Deviez-vous pas savoir, que jamais le tonnerre,

Qui dessus votre orgueil enfin vient d'éclater,

Ne pardonne aux desseins que vous osiez tenter ;

Quelque profond respect qu'ait eu votre poursuite, [775]

Vous voyez qu'un refus vous ordonne la fuite ;

Évitez les combats que vous vous préparez,

Jugez-en le péril, et vous en retirez.

Qu'ai-je droit d'espérer, si l'ardeur qui me presse

Irrite également le Prince et la Princesse, [780]

Si voulant hasarder, ou ma bouche, ou mes yeux

Je fais l'une malade, et l'autre furieux.

Apprenons l'art, mon coeur d'aimer sans espérance,

Et souffrir des mépris, avec révérence,

Résolvons-nous sans honte aux belles lâchetés, [785]