Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/225

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Que ne rebutent pas des devoirs rebutés ;

Portons sans intérêts un joug si légitime,

N'en osant être amant, soyons-en la victime,

Exposons une esclave, à toutes les rigueurs

Que peuvent exercer de superbes vainqueurs. [790]


Scène II

Alexandre, le Duc.
ALEXANDRE

Duc, un trop long respect me tait votre pensée,

Notre amitié s'en plaint et s'en trouve offensée,

Elle vous est suspecte, ou vous la violez,

Et vous me dérobez ce que vous me célez,

Qui donne toute une âme en veut aussi d'entières, [795]

Et quand vos intérêts m'ont fourni des matières,

Pour les biens embrasser, ce coeur vraiment ami

Ne s'est point contenté de s'ouvrir à demi ;

Et j'ai d'une chaleur généreuse et sincère,

Fait pour vous tout l'effort que l'amitié peut faire ; [800]

Cependant vous semblez encore mal assuré,

Mettre en doute un serment si saintement juré ;

Je lis sur votre front des passions secrètes,

Des sentiments cachés, des atteintes muettes,

Et d'un oeil qui vous plaint, et toutefois jaloux, [805]

Vois que vous réservez un secret avec vous.

LE DUC

Quand j'ai cru mes ennuis capables de remède,

Je vous en ai fait part, j'ai réclamé votre aide.

Et je n'en ai vu l'effet si bouillant et si prompt