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ACTE IV




Scène I

Théodore, Léonor.
THÉODORE

Ha dieu ! Que cet effroi me trouble et me confond ; [1135]

Tu vois que ton rapport à mon gré répond,

Et sur cette frayeur tu condamnes mes larmes !

Je me mets trop en peine, et je prends trop d'alarmes !

LÉONOR

Vous en prenez sans doute un peu légèrement

Pour n'avoir pas couché dans son appartement. [1140]

Est-ce un grand sujet d'en prendre l'épouvante ?

Et de souffrir qu'un songe à ce point vous tourmente ?

Croyez-vous que le Prince en cet âge de feu

Où le corps à l'esprit s'assujettit si peu ?

Où l'âme sur les sens n'a point encore d'empire ? [1145]

Où toujours le plus froid pour quelque objet soupire,

Vive avecque tout l'ordre et toute la pudeur

D'où dépend notre gloire et notre bonne odeur ?

Cherchez-vous des clartés dans les nuits d'un jeune homme

Que le repos tourmente, et que l'amour consomme ? [1150]