Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C'est les examiner d'un soin trop curieux,

Sur leurs déportements, il fut fermer les yeux ;

Pour n'en point être peiné, il n'en faut rien apprendre,

Et ne connaître point ce qu'il faudrait reprendre.

THÉODORE

Un songe interrompu, sans suite, obscur, confus, [1155]

Qui passe en un instant, et puis ne revient plus,

Fait dessus notre esprit une légère atteinte,

Et nous laisse imprimée, ou point, ou peu de crainte :

Mais les songes suivis, où dont à tout propos

L'horreur se remontrant interrompt le repos, [1160]

Et qui distinctement marquent les aventures,

Sont des avis du ciel pour les choses futures.

Hélas ! J'ai vu la main qui lui perçait le flanc !

J'ai vu porter le coup, j'ai vu couler le sang,

Du coup d'une autre main j'ai vu voler sa tête, [1165]

Pour recevoir son corps j'ai vu la tombe prête,

Et m'écriant d'un ton qui t'aurait fait horreur,

J'ai dissipé mon songe, et non pas ma terreur.

Cet effroi, de mon lit, aussitôt m'a tirée,

Et, comme tu m'as vue, interdite égarée, [1170]

Sans toi je me rendais en son appartement,

D'où j'apprends que ma peur n'est pas sans fondement,

Puisque ses gens t'ont dit... Mais que vois-je ?


Scène II

Octave, le Prince, Théodore, Léonor.