Et j'estimerai plus une mort qui lui plaise
Qu'un destin qui pourrait m'affranchir du trépas,
Et qu'une éternité qui ne lui plairait pas ; [1440]
J'ai beau dissimuler ma passion extrême ;
Jusqu’après le trépas mon sot veut que je l'aime
Et pour dire à quel point ce coeur est embrasé,
Jusqu'après le trépas qu'elle m'aura causé ;
Le coup qui me tuera pour venger son injure [1445]
Ne sera qu'une heureuse et légère blessure,
Au prix du coup fatal qui me perça le coeur,
Quand de ma liberté son bel oeil fut vainqueur ;
J'en fus désespéré, jusqu'à tout entreprendre,
Il m'ôta le repos, que l'autre doit me rendre, [1450]
Puisqu'être sa victime, est un décret des cieux,
Qu'importe qui me tue, ou sa bouche ou ses yeux !
Souscrivez à l'arrêt, dont elle me menace,
Privé de sa faveur, je ne veux point de grâce :
Mettez à bout l'effet, qu'amour a commencé, [1455]
Achevez un trépas, déjà bien avancé ;
Et si d'autre intérêt, n'émeut votre colère,
Craignez tout, d'une main, qui pût tuer un frère.
Madame, modérez, vos sensibles regrets,
Et laissez à mes soins, nos communs intérêts : [1460]
Mes ordres, aujourd'hui, feront voir une marque,
Et d'un juge équitable, et d'un digne monarque ;
Je me dépouillerai de toute passion,
Et je lui ferai droit, par sa confession !
Mon attente, Grand Roi, n'a point été trompée, [1465]
Et...
{{Personnage|LE R