Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/271

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Régnez après l'État, j'ai droit de vous élire;

Et donner en mon fils, un père à mon Empire.


Lui baillant le couronne.


LE PRINCE

Que faites-vous grand Roi ?

LE ROI

M'appeler de ce nom,

C'est hors, de mon pouvoir, mettre votre pardon : [1780]

Je ne veux plus d'un rang, ou je vous suis contraire ;

Soyez roi, Ladislas, et moi je serai père ;

Roi, je n'ai pu des lois souffrir les ennemis ;

Père, je ne pourrai faire périr mon fils ;

Une perte est aisée, ou l'amour vous convie ; [1785]

Je ne perdrai qu'un nom, pour sauver une vie ;

Pour contenter Cassandre, et le Duc et l'État,

Qui les premiers font grâce, à votre assassinat ;

Le Duc, pour récompense, a requis cette grâce,

Le peuple mutiné, veut que je vous la fasse ; [1790]

Cassandre le consent, je ne m'en défends plus ;

Ma seule dignité m'enjoignait ce refus ;

Sans peine, je descends de ce degré suprême,

J'aime mieux conserver un fils, qu'un diadème.

LE PRINCE

Si vous ne pouvez être, et mon père, et mon roi, [1795]

Puis-je être votre fils, et vous donner la loi ?

Sans peine, je renonce, à ce degré suprême ;

Abandonnez plutôt, un fils qu'un diadème.

LE ROI

Je n'y prétends plus rien, ne me le rendez pas,

Qui pardonne à son roi, punirait Ladislas ; [1800]

Et sans cet ornement, ferait tomber sa tête.

LE PRINCE