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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/28

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Ne désapprouvez pas, ô généreux monarques,
Que notre affection vous produise ses marques,
Et que mes compagnons, vous offrent par ma voix,
Non des tableaux parlans de vos rares exploits,
Non cette si célèbre et si fameuse histoire
Que vos heureux succès laissent à la mémoire
(Puisque le peuple grec non plus que le romain,
N’a point pour les tromper une assez docte main),
Mais quelque effort au moins par qui nous puissions dire,
Vous avoir délassés du grand faix de l’empire,
Et par ce que notre art aura de plus charmant,
Avoir à vos grands soins ravi quelque moment.

DIOCLÉTIEN.

Genest, ton soin m’oblige, et la cérémonie
Du beau jour où ma fille à ce prince est unie,
Et qui met notre joie en un degré si haut,
Sans un trait de ton art auroit quelque défaut.
Le théâtre aujourd’hui, fameux par ton mérite,
À ce noble plaisir puissamment sollicite,
Et dans l’état qu’il est ne peut, sans être ingrat,
Nier de te devoir son plus brillant éclat :
Avec confusion j’ai vu cent fois tes feintes
Me livrer malgré moi de sensibles atteintes ;
En cent sujets divers, suivant tes mouvemens,
J’ai reçu de tes feux de vrais ressentimens ;
Et l’Empire absolu que tu prends sur une âme,
M’a fait cent fois de glace, et cent autres de flamme.
Par ton art les héros, plutôt ressuscités,
Qu’imités en effet et que représentés,
De cent et de mille ans après leurs funérailles,
Font encor des progrès et gagnent des batailles,
Et sous leurs noms fameux établissent des lois ;