Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/29

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Tu me fais en toi seul maître de mille rois.
Le comique où ton art également succède,
Est contre la tristesse un si présent remède,
Qu’un seul mot, quand tu veux, un pas, une action,
Ne laisse plus de prise à cette passion,
Et, par une soudaine et sensible merveille,
Jette la joie au cœur par l’œil ou par l’oreille.

GENEST.

Cette gloire, seigneur, me confond à tel point…

DIOCLÉTIEN.

Crois qu’elle est légitime, et ne t’en défends point.
Mais passons aux auteurs, et dis-nous quel ouvrage
Aujourd’hui dans la scène a le plus haut suffrage,
Quelle plume est en règne, et quel fameux esprit
S’est acquis dans le cirque un plus juste crédit.

GENEST.

Les goûts sont différents, et souvent le caprice
Établit ce crédit bien plus que la justice.

DIOCLÉTIEN.

Mais entre autres encor, qui l’emporte en ton sens ?

GENEST.

Mon goût, à dire vrai, n’est point pour les récens :
De trois ou quatre au plus, peut-être la mémoire
Jusqu’aux siècles futurs conservera la gloire ;
Mais de les égaler à ces fameux auteurs
Dont les derniers des temps seront adorateurs,
Et de voir leurs travaux avec la révérence
Dont je vois les écrits d’un Plaute et d’un Térence,
Et de ces doctes Grecs, dont les rares brillans
Font qu’ils vivent encor si beaux après mille ans,