À qui lui déplaira, faire perdre le jour,
Et contre qui le hait, lui montrer mon amour.
Syroës
Madame, quand le sang, qui me le rang si proche,
Ne me laverait pas, d'un semblable reproche ; [10]
Pour savoir à quel point, je le dois respecter,
Il suffit, de l'amour, qu'on vous lui voit porter.
Il suffit, qu'en ce fils, nous voyons votre image,
Et que nous ne pouvons, lui rendre assez d'hommage :
De ces raisons aussi, me faisant une loi, [15]
J'ai pour lui le respect, qu'il dut avoir pour moi.
Syra
Lui, pour vous !
Syroës
Oui, pour moi ! L'humeur, où je me trouve,
Fait de ma patience, une trop rude épreuve ;
Et votre Majesté, parlant sans passion,
Louerait ma retenue, et ma discrétion ; [20]
Mon père est Cosroës, ma mère fut Princesse,
Et le degré de l'âge, et le droit de l'aînesse,
Et ce que pour l'État, j'ai versé de mon sang
Sur lui, sans vanité, m'acquièrent quelque rang ;
Et mettent entre nous assez de différence, [25]
Pour devoir l'obliger à quelque déférence,
Mais, Madame, cessons, cet indigne entretien.
Syra
Comparez-vous le sang d'Abdenede, et le mien !
Syroës
Je sais, que sa naissance, à la vôtre inégale,
Ne se peut pas vanter, d'une tige Royale ; [30]