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MARCELLE, lui donnant son rôle.

J’en prendrai votre avis, oyez-moi réciter.
(Elle répète.)
« J’ose à présent, ô ciel, d’une vue assurée,
» Contempler les brillans de ta voûte azurée,
» Et nier ces faux dieux qui n’ont jamais foulé
» De ce palais roulant le lambris étoilé.
» À ton pouvoir, seigneur, mon époux rend hommage ;
» Il professe ta foi, ses fers t’en sont un gage ;
» Ce redoutable fléau des dieux sur les chrétiens,
» Ce lion altéré du sacré sang des tiens,
» Qui de tant d’innocens crut la mort légitime,
» De ministre qu’il fut, s’offre enfin pour victime,
» Et, patient agneau, tend à ses ennemis
» Un col à ton saint joug heureusement soumis. »

GENEST.

Outre que dans la cour que vous avez charmée,
On sait que votre estime est assez confirmée,
Ce récit me surprend, et vous peut acquérir
Un renom au théâtre, à ne jamais mourir.

MARCELLE.

Vous en croyez bien plus que je ne m’en présume.

GENEST.

La Cour viendra bientôt, commandez qu’on allume.
(Il repasse son rôle.)(Marcelle sort.)
« Il serait, Adrien, honteux d’être vaincu ;
» Si ton dieu veut ta mort, c’est déjà trop vécu ;
» J’ai vu, ciel, tu le sais, par le nombre des âmes
» Que j’osai t’envoyer, par des chemins de flammes,
» Dessus les grils ardents, et dedans les taureaux,
» Chanter les condamnés, et trembler les bourreaux.