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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/359

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Quoi, n'entendez-vous pas, du fonds de cet abîme, [365]

Une effroyable voix, me reprocher mon crime,

Et me peignant l'horreur, de cet acte inhumain ;

Contre mon propre flanc, solliciter ma main ?

N'apercevez-vous pas, dans cet épais nuage,

De mon Père expirant, la ténébreuse image, [370]

M'ordonner de sortir, de son trône usurpé,

Et me montrer l'endroit, par où je l'ai frappé ;

Voyez-vous pas sortir, de cet horrible gouffre,

Qui n'exhale, que feu, que bitume, et que soufre ;

Un spectre décharné, qui me tendant le bras, [375]

M'invite d'y descendre, et d'y suivre ses pas ?

Ô dangereux poison, peste des grandes âmes,

Maudite ambition, dont je crus trop les flammes,

Et qui pour t'assouvir, ne peut rien épargner,

Que tu m'as cher vendu, le plaisir de régner ! [380]

Pour atteindre à tes voeux, et pour te satisfaire,

Cruelle, il t'a fallu, sacrifier mon Père.

Je t'ai d'un même coup, immolé mon repos,

Qu'un remords éternel, traverse à tout propos ;

Il te faut de moi-même, encor le sacrifice, [385]

Et déjà, dans le Ciel, j'ois gronder mon supplice ;

Et son funèbre apprêt, noircir tout l'horizon.

               Il se promène, et fait des signes de revenir en lui-même.

Sardarigue

Cet accès, a longtemps, possédé sa raison.

Syra

Il cesse, et son bon sens, recouvre son usage ;

               Bas.

De cette occasion, il faut prendre avantage, [390]

Et pressant son dessein, savoir le temps précis,