La puissance, qui passe, en un autre nous-même,
Laisse encor en nos mains, l'autorité suprême ;
Et nous ne perdons rien, lorsque le même rang,
Quoique sous d'autres noms, demeure à notre sang.
Cosroës
J'ai trop d'expérience, et j'ai trop vu de marques, [425]
Ô généreux Surgeon, et tige de Monarques,
De l'étroite union, que produisent nos feux,
Pour croire, avec l'État, devoir perdre vos voeux ;
Je sais, que votre amour, s'attache à ma personne,
Qu'elle me considère, et non pas ma couronne ; [430]
Aussi depuis longtemps, le faix, ne m'en est doux,
Que par l'honneur, qu'il a d'être porté de vous ;
Je n'en aime l'éclat, que dessus votre tête,
Je sais, combien j'en fis, une indigne conquête ;
Je ne puis me parer, d'un ornement si cher, [435]
Que je ne pense au front, d'où j'osai l'arracher ;
Et sais, que sur le mien, tout ce qu'il a de lustre,
D'un énorme forfait, n'est qu'une marque illustre.
Si vous le voulez donc, au front de votre fils,
Je m'en prive avec joie, et je vous l'ai promis ; [440]
Je ne le puis garder par droit héréditaire,
Après m'être souillé, du meurtre de mon père ;
Mardesane en sera plus juste successeur,
Du bien de son aïeul, faisons-le possesseur ;
Si l'acquisition, en fut illégitime ; [445]
J'en ai joui sans droit, la garde en est un crime ;
Je le retiens à tort, comme à tort je le pris,
J'en dépouillai mon père, et j'en frustre mes fils ;
Ne consultons donc plus, Madame, allons élire,
À la tête du Camp, une tête à l'Empire ; [450]