Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/362

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tranquille, et déchargé d'un faix qui m'a lassé,

Je verrai sans regret, en cet âge glacé,

Mon sceptre soutenu, d'une main plus capable,

Et mon sang innocent, succéder au coupable.

Sardarigue

Mais peut-il l'accepter, Seigneur, sans attentat [455]

Contre le droit d'aînesse, et la loi de l'État ?

De mon zèle, Madame, excusez la licence,

Syroës, a pour lui, le droit de la naissance ;

Voulez-vous voir armer la Perse contre soi,

Et lui donner la guerre en lui donnant un Roi ? [460]

Songez à quels malheurs vous l'exposez en butte,

Un rang si élevé, vaut bien qu'on le dispute.

Syra

Objet de nos encens, Soleil ! tu m'es témoin,

Si l'intérêt d'un fils, me produit aucun soin !

Et si l'ambition qu'excite un Diadème, [465]

Pour en parer autrui, sortirait de moi-même !

Votre seul intérêt, Seigneur, m'en peut priver,

Je le perds sans regret, quand il vous faut sauver ?

Mais déposant ce faix, où votre âge succombe,

Voyez, sur qui des deux, il importe qu'il tombe ; [470]

L'intérêt de l'aîné, (vous vivant) est couvert,

Et son aînesse, encor, n'a point de droit ouvert ;

Un Roi qui fuit le soin, et dont l'âge s'abaisse,

Peut dessus qui lui plaît reposer sa vieillesse ;

Et pour faire en autrui, considérer ses lois [475]

Donner à ses agents, la qualité de Rois.

Syroës, appuyé, du droit qu'il peut prétendre,

Sitôt qu'il régnera, ne voudra plus dépendre ;