Les Grecs, et les Romains, aux pieds de nos murailles, [605]
Consomment de l'État, les dernières entrailles ;
Et poussant jusqu'au bout leur sort toujours vainqueur,
En ce dernier asile, en attaquent le coeur ;
Des Satrapes, mon frère, a les intelligences,
Et cette occasion, qui s'offre à leurs vengeances, [610]
Donne un pieux prétexte à leurs soulèvements,
Et va faire éclater tous leurs ressentiments ;
Un Palmyras, enflé de tant de renommée,
Démis de ses emplois, et chassé de l'armée ;
Un Pharnace, un Sain, dont les Pères proscrits, [615]
D'une secrète haine animait les esprits ;
Peuvent-ils négliger, l'occasion si belle,
Quand elle se présente, ou plutôt les appelle ?
Si l'ennemi, le droit, les Grands, sont contre moi,
Au parti malheureux, qui gardera la foi ? [620]
Par qui, l'autorité, que vous aurez quittée,
Sera-t-elle, en ce trouble, ou crainte, ou respectée ;
Si pour donner des lois, il les faut violer ?
En m'honorant, Seigneur, craignez de m'immoler ;
Qui veut faire usurper, un droit illégitime, [625]
Souvent, au lieu d'un Roi, couronne une victime ;
Et l'État est le temple, et le trône l'autel,
Où cette malheureuse, attend le coup mortel.
Cosroës
Vous craignez de régner, faute d'expérience ;
Il y faut de l'ardeur, et de la confiance ; [630]
Un sceptre, à le porter, perd beaucoup de son poids ;
Votre règne établi, justifiera vos droits ;
Des factieux, mon ordre, a prévenu les ligues,
L'arrêt de Syroës, rompra toutes ses brigues ;