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Si quelque bruit s'émeut, mon soin y pourvoira ; [635]

Contre tous vos mutins, mon droit vous appuiera ;

Je puis, sur qui me plaît, reposer ma couronne ;

Et pour toute raison, portez-la, je l'ordonne.

Mardesane

C'est un de vos présents, je ne puis le haïr ;

Vous voulez que je règne, il vous faut obéir. [640]

Mais je monte à regret, assuré de ma chute,

Et plaise au Ciel ! Qu'au sort, mes jours soient seuls en butte !

               Parlant à Syra.

Ha, Madame ! Quel fruit, me produit votre amour.


Scène III

Syroës, Cosroës, Mardesane, Syra, Hormisdate, Gardes

Syroës

Quel bruit s'émeut, Seigneur, et s'épand à la Cour ?

Quelle aveugle fureur, quelle invincible haine, [645]

Me fait toujours l'objet des plaintes de la Reine ?

J'éprouve, et j'apprends trop, combien vous l'estimez,

Pour manquer de respect, à ce que vous aimez ;

Si sa mémoire, en veut, être un témoin fidèle,

Elle sait à quel point, je vous honore en elle ; [650]

Et j'aurais mille fois, dû vaincre ses rigueurs,

Si les soumissions, s'acquéraient tous les coeurs.

S'il n'était messéant, de vanter mes services,

Je lui pourrais citer, entre autres bons offices,

Le sang que me coûta, le salut de son fils, [655]

Naguère, enveloppé, dans les rangs ennemis ;

Prince, il vous en souvient ; vous le savez, Madame !

Mardesane

Le souvenir m'en reste, au plus profond de l'âme.

Syra