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Syroës}}

J'aurais d'autres rigueurs, pour d'autres ennemis ;

Mais je sens, quoique Roi, que je suis encore fils.

palmyras

D'un père, qui pour vous, ne sent plus qu'il est père,

Qui ne reconnaît plus de fils, que votre frère,

Et pour vous en frustrer, l'admet en vos États. [915]

Syroës

La raison est pour moi, mais le sang ne l'est pas,

Quelle fatalité, de devoir par un crime,

Me conserver un droit, qui m'est si légitime,

Mais ces raisonnements, enfin sont superflus,

Je me plains, seulement, et ne consulte plus ; [920]

Je regrette d'un père, ou la perte, ou la fuite,

Mais ce regret, n'en peut empêcher la poursuite ;

Hors du trône, mes jours n'ont plus de sûreté,

Tout mon salut consiste, en mon autorité ;

Au lieu, qu'avant l'affront, que ce mépris me livre, [925]

Je vivais pour régner, il faut régner pour vivre,

Et je ne puis parer, que le sort à la main,

Les redoutables traits, de mon sort inhumain ;

Revoyez les quartiers, et soignez que la ville,

Dans ce grand changement, nous soit un sûr asile. [930]

palmyras

Vous armant de vertu, tout succédera bien.

Syroës

Assurez-vous, des chefs, et ne négligez rien.

Cependant que je dompte un reste de faiblesse,

Qui dans mon coeur ; encor, souffre quelque tendresse.

               Palmyre sort.

Syroës seul, continue.

Que tu m'aurais, ô sort ! Dans un rang plus obscur, [935]