Aller au contenu

Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/385

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

N'altère point, celui, que avez sur moi. [960]

Voilà nos qualités.

Narsée

Quelle aveugle colère,

Vous fait donc oublier, que la Reine est ma mère ?

Syroës

La colère, Princesse, ou plutôt la raison,

Qui me fait de mon père, ordonner la prison,

Quelque rang, ou la Perse, aujourd'hui nous contemple, [965]

Nous ne pouvons régner, sans ce fameux exemple ;

Nous ne pouvons, sans lui, jouir de notre amour ;

Nous ne pouvons sans lui nous conserver le jour,

Il faut que la nature, ou la fortune cède,

L'une nous est contraire, et l'autre nous succède, [970]

Le mal qu'on veut guérir, ne se doit point flatter,

Et ce sont nos bourreaux, que je fais arrêter.

Narsée

Nos bourreaux, les auteurs du jour qui nous éclaire !

Syroës

Les auteurs de l'affront, qu'ils nous ont voulu faire.

Narsée

Un Empire, vaut-il, cette inhumanité ! [975]

Syroës

Vaut-il, nous menacer de cette indignité ?

Et qu'un père aveuglé, destine pour victime,

À son usurpateur, son maître légitime ;

Le pouvoir, tombe mal, en des coeurs abattus ;

Avec le nom de Rois, prenons-en les vertus ; [980]

Jusques dans notre sang, exterminons le crime,

Mais réprimons, sur tout, le mal qui nous opprime ;