Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/388

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

J'aurais plus obtenu, du secours de mes pleurs ; [1040]

Mais un extrême ennui, n'en est guère prodigue.

Syroës

Gardes, suivez Madame, Et cherchez Sardarigue,

Qu'il obéisse aux lois, qu'elle lui prescrira.

Et surtout, qu'en ses mains, il remette Syra ;

Allez.

Narsée

Cette faveur, vous coûte trop de peine, [1045]

Syroës

Non, non, je m'abandonne, aux fureurs de la Reine,

Et ne regarde plus, ni le droit qui m'est dû,

Ni le rang que je tiens, que comme un bien perdu ;

Je vous préfère aux Dieux, dont les bontés prospères,

M'ont voulu conserver, le trône de mes pères ; [1050]

Vous m'en voulez priver, il vous faut obéir,

Et d'un respect aveugle, avec moi vous trahir,

Je n'ai qu'un seul regret, que mon amour extrême,

En hasardant mes jours, se hasarde lui-même,

Et qu'au point du succès, dont je flattais mes voeux, [1055]

L'heur de vous posséder, me deviennent douteux,

Narsée

Quoi que vous hasardiez, je cours même aventure,

Nous aurons même couche, ou même sépulture ;

De vos voeux, vif, ou mort, je vous promets le prix.

L'hymen joindra nos corps, ou la mort nos esprits, [1060]

Mais, si vous en daignez, croire un amour extrême,

Je vous réponds du jour, du trône, et de moi-même,

J'observerai la Reine avecques tout le soin

Qu'exigeront les lieux, le temps, et le besoin,

Et j'ose vous promettre, un bouclier invincible,