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Scène I

Syra, Sardarigue, Gardes

Syra

Moi, lâche ? Moi, le craindre, au point de le prier, [1335]

Moi, qui porte un coeur libre, en un corps prisonnier !

Moi, de quelque terreur, avoir l'âme saisie,

Après que sous mes lois j'ai vu trembler l'Asie,

Et qu'on a vu mon sang, fertile en Potentats,

Avec tant de splendeur, régner sur tant d'États ! [1340]

Après le vain effort de la rage, et des armes,

Tenter pour le toucher, des soupirs et des larmes,

Que mon fils dépendit, devant donner la loi,

Et qu'il vécut sujet, ayant pu mourir Roi !

Ma rage est avortée, et mon attente est vaine. [1345]

Mais, quoique sans effet, j'ai témoigné ma haine ;

Un Ministre effrayé, ne l'a point attaqué,

Mais, j'ai toujours, armé le bras qui l'a manqué ;

Et l'honneur de mourir, au moins son ennemie,

De la mort, que j'attends, ôtera l'infamie ; [1350]

Si pour ce qu'à mes yeux, il reste de clarté,

J'avais à souhaiter un peu de liberté,