Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/404

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d'âme ;

Vous avez dans l'État, avec ce grand courroux, [1375]

Fait de grands changements, mais funestes pour vous.

Syra

Je considère peu, ce qui m'en est funeste ?

Tout le mal qui m'en vient, est le bien qui t'en reste ;

Je plaindrais peu la vie, et mourrais sans effort,

Si sujet de mon fils, tu survivais ma mort ; [1380]

Ou si de tes destins, j'avais tranché la trame.

Syroës

C'étaient de grands desseins, pour la main d'une femme ;

Et qui méritaient bien, d'en délibérer mieux,

Qu'avec l'ambition qui vous cillait les yeux ;

Il faut, ou plus de force, ou plus d'heur qu'on n'estime, [1385]

Pour exclure d'un trône, un prince légitime ;

Les funestes complots, qu'on fait contre ses jours,

Peuvent avoir effet, mais ne l'ont pas toujours,

Vous l'éprouvez, Madame, avec ce grand courage,

Qui pour me mettre à bas, a tout mis en usage, [1390]

Avec tout cet effort, qu'avez vous avancé ?

Sur qui tombe ce foudre ? où l'avez-vous lancé ?

Sur la tête, où vos mains, portaient mon Diadème,

Sur celle de mon père, et sur la vôtre même ;

Par quel aveuglement, n'avez-vous pas jugé, [1395]

Qu'ayant des Dieux au Ciel, j'en serais protégé ?

Doutez-vous, que l'objet, de leurs soins plus augustes,

Est l'intérêt des Rois, dont les causes sont justes ?

Syra

Ils l'ont mal témoigné, quittant notre parti,

Et souffrant pour le tien, ce qu'ils ont consenti ; [1400]

Mais qu'ils veillent, ou non, sur les choses humaines,

Au fait dont il s'agit, ces questions sont vaines ;