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Gardes; Syroës; Palmyras, Pharnace}}

Cosroës

Ô Nature ! et vous Dieux ses auteurs ?

D'un prodige inouï, soyez les spectateurs !

À cet horrible objet, sa nouveauté convie, [1605]

Mon fils, dessus mon trône, est juge de ma vie ;

Et ne le tient pas sûr, si de son fondement

Ma tête n'est la base, et mon sang le ciment,

Immole donc, Tyran, mes jours à tes maximes,

Assure-toi l'État, par le plus grand des crimes, [1610]

Laisse agir la fureur, avecques liberté ;

Ne donne rien au sang, rien, à la piété ;

Et vous, que mon malheur, rend si fiers, et si braves,

Ce soir mes souverains, ce matin, mes esclaves.

Syroës à genoux.

Seigneur, daignez m'entendre ? ô nature ! et vous Dieux ? [1615]

Vous pouvez sans horreur, jeter ici les yeux ?

L'objet de vos mépris, encore vous y révère,

Je ne suis, ni Tyran, ni Juge de mon Père ;

J'ai tous les sentiments, que vous m'avez prescrits,

Et renonce à mes droits, pour être encor son fils : [1620]

Oui, mon père, et l'État, ni toutes ses maximes,

Ne peuvent m'obliger, à régner par des crimes ;

Pour immoler vos jours, à mon ressentiment,

Vous régnez sur les miens, trop souverainement ;

Est-il un bras d'un fils, qu'un soupir, une larme, [1625]

Un seul regard d'un père, aisément ne désarme ;

Si contre vous, hélas ! j'écoute mon courroux,