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Ou dans les bras d'un fils, souffrez-lui un refuge ;

Ô toi, dont la vertu, mérita son amour !

Ma mère ? Hélas ! quel fruit, en as-tu mis au jour ! [1580]

Que n'as-tu dans ton sein, causé mes funérailles,

Et fait mon monument, de tes propres entrailles ?

Si je dois, ôter l'âme, et le titre de Roi,

À la chère moitié, qui vit encore de toi !

Régnerais-je avec joie, et bourreau de mon père, [1585]

Aurais-je, ni le Ciel, ni la terre prospère ?

Pour cimenter mon Trône, et m'affermir mon rang,

Tarirais-je la source, où j'ai puisai mon sang ?

Aurait-on de la foi, pour un Prince perfide,

Dont la première loi, serait un parricide ! [1590]

Non, non, je ne veux point, d'un Trône, ensanglanté,

Da sang, du même sang, dont je tiens la clarté ;

J'ai cru la passion, aux grands coeurs si commune ;

Et contre la nature, écouté la fortune ;

J'ai fait de ma tendresse, une fausse vertu ; [1595]

À l'objet d'un État, mon lâche sang s'est tu ;

Mais au point, qu'il lui faut sacrifier un père,

La nature se tait, et le sang délibère ;

Il me presse, il me force, à prendre le parti,

Qu'il sait être sa source, et dont il est sorti ; [1600]

Le voici ! Dieux, je tremble ! et ma voix interdite,

En ce profond respect, sur mes lèvres hésite ;

Mais qu'attends-je ?


Scène V

{{acteurs|Cosroës, Sardarigue,