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Scène V.

Les mêmes ; NATALIE, représentée par MARCELLE.
NATALIE.

Ô nouvelle trop vraie ! est-ce là mon époux ?

FLAVIE.

Notre dernier espoir ne consiste qu’en vous :
Rendez-le nous à vous, à César, à lui-même.

NATALIE.

Si l’effet n’en dépend que d’un désir extrême…

FLAVIE.

Je vais faire espérer cet heureux changement ;
Voyez-le.

(Il sort.)
ADRIEN, à Natalie.

Voyez-le.Tais-toi femme, et m’écoute un moment.
Par l’usage des gens et par les lois romaines,
La demeure, les biens, les délices, les peines,
Tout espoir, tout profit, tout humain intérêt,
Doivent être communs à qui la couche l’est ;
Mais que, comme la vie et comme la fortune,
Leur créance toujours leur doive être commune,
D’étendre jusqu’aux dieux cette communauté,
Aucun droit n’établit cette nécessité.
Supposons toutefois que la loi le désire,
Il semble que l’époux, comme ayant plus d’empire,
Ait le droit le plus juste, ou le plus spécieux,
De prescrire chez soi le culte de ses dieux.
Ce que tu vois enfin, ce corps chargé de chaînes,
N’est l’effet ni des lois, ni des raisons humaines,