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J’emploîrai ma justice où ma faveur est vaine ;
Et qui fuit ma faveur, éprouvera ma haine.

ADRIEN, à part.

Comme je te soutiens, Seigneur, sois mon soutien :
Qui commence à souffrir commence, d’être tien.

MAXIMIN, à part.

Dieux, vous avez un foudre, et cette félonie
Ne le peut allumer et demeure impunie !
Vous conservez la vie et laissez la clarté
À qui vous veut ravir votre immortalité,
À qui contre le ciel soulève un peu de terre,
À qui veut de vos mains arracher le tonnerre,
À qui vous entreprend et vous veut détrôner
Pour un Dieu qu’il se forge et qu’il veut couronner.
Inspirez-moi, grands dieux, inspirez-moi des peines,
Dignes de mon courroux, et dignes de vos haines,
Puisqu’à des attentats de cette qualité,
Un supplice commun est une impunité.

(Il sort.)



Scène III.

FLAVIE, ramenant Adrien à la prison ; ADRIEN, LE GEÔLIER, Gardes.
FLAVIE, au geôlier.

L’ordre exprès de César le commet en ta garde.

LE GEÔLIER.

Le vôtre me suffit, et ce soin me regarde.