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Mérite, en m’animant, ta part de la couronne
Qu’en l’empire éternel le martyre nous donne :
Au défaut du premier, obtiens le second rang ;
Acquiers par tes souhaits ce qu’on nie à ton sang,
Et dedans le péril m’assiste en cette guerre.

NATALIE.

Bien donc, choisis le ciel, et me laisse la terre.
Pour aider ta constance en ce pas périlleux,
Je te suivrai partout et jusques dans les feux ;
Heureuse si la loi qui m’ordonne de vivre,
Jusques au ciel enfin me permet de te suivre,
Et si de ton tyran le funeste courroux
Passe jusqu’à l’épouse ayant meurtri l’époux.
Tes gens me rendront bien ce favorable office
De garder qu’à mes soins César ne te ravisse
Sans en apprendre l’heure et m’en donner avis,
Et bientôt de mes pas les tiens seront suivis ;
Bientôt…

ADRIEN.

Bientôt…Épargne-leur cette inutile peine ;
Laisse-m’en le souci, leur veille seroit vaine.
Je ne partirai point de ce funeste lieu
Sans ton dernier baiser et ton dernier adieu ;
Laisses-en sur mon soin reposer ton attente.