Allez ; n’espérez pas que ni force ni crainte
Puissent rien où mes pleurs n’ont fait aucune atteinte ;
Je connois trop son cœur, j’en sais la fermeté,
Incapable de crainte et de légèreté.
À regret contre lui je rends ce témoignage,
Mais l’intérêt du ciel à ce devoir m’engage.
Encor un coup, cruel, au nom de notre amour,
Au nom saint et sacré de la céleste cour,
Reçois de ton épouse un conseil salutaire :
Déteste ton erreur, rends-toi le ciel prospère ;
Songe et propose-toi que tes travaux présens,
Comparés aux futurs, sont doux, ou peu cuisans.
Vois combien cette mort importe à ton estime,
D’où tu sors, où tu vas, et quel objet t’anime.
Mais toi, contiens ton zèle, il m’est assez connu,
Et songe que ton temps n’est pas encor venu ;
Que je te vais attendre à ce port désirable.
(À Flavie.)
Allons, exécutez le décret favorable,
Dont j’attends mon salut plutôt que le trépas.
Vous en êtes coupable, en ne l’évitant pas.
J’ose à présent, ô ciel, d’une vue assurée,
Contempler les brillans de ta voûte azurée,
Et nier ces faux dieux qui n’ont jamais foulé
De ce palais roulant le lambris étoilé.