Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/78

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Il est temps de passer du théâtre aux autels.
Si je l’ai mérité, qu’on me mène au martyre :
Mon rôle est achevé, je n’ai plus rien à dire.

DIOCLÉTIEN.

Ta feinte passe enfin pour importunité.

GENEST.

Elle vous doit passer pour une vérité.

VALÉRIE.

Parle-t-il de bon sens ?

MAXIMIN.

Parle-t-il de bon sens ?Croirai-je mes oreilles ?

GENEST.

Le bras qui m’a touché fait bien d’autres merveilles.

DIOCLÉTIEN.

Quoi ! tu renonces, traître, au culte de nos dieux ?

GENEST.

Et les tiens aussi faux qu’ils me sont odieux.
Sept d’entre eux ne font plus que des lumières sombres
Dont la foible clarté perce à peine les ombres,
Quoiqu’ils trompent encor votre crédulité ;
Et des autres, le nom à peine en est resté.

DIOCLÉTIEN, se levant.

Ô blasphème exécrable ! ô sacrilège impie,
Et dont nous répondrons si son sang ne l’expie !
Préfet, prenez ce soin, et de cet insolent
Fermez les actions par un geste sanglant
Qui des dieux irrités satisfasse la haine :
Qui vécut au théâtre expire dans la scène ;
Et si quelqu’autre, atteint du même aveuglement,
A part à son forfait, qu’il l’ait en son tourment.