Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous devons sous leurs lois contenir les humains,
Et notre autorité, qu’ils veulent qu’on révère,
À maintenir la leur n’est jamais trop sévère ;
J’espérois cet effet, et que tant de trépas
Du reste des chrétiens redresseroient les pas :
Mais j’ai beau leur offrir de sanglantes hosties,
Et laver leurs autels du sang de ces impies ;
En vain j’en ai voulu purger ces régions,
J’en vois du sang d’un seul naître des légions.
Mon soin nuit plus aux dieux qu’il ne leur est utile ;
Un ennemi défait leur en reproduit mille ;
Et le caprice est tel de ces extravagans,
Que la mort les anime et les rend arrogans.
Genest, dont cette secte aussi folle que vaine,
A si long-temps été la risée et la haine,
Embrasse enfin leur loi contre celle des dieux,
Et l’ose insolemment professer à nos yeux ;
Outre l’impiété, ce mépris manifeste,
Mêle notre intérêt à l’intérêt céleste :
En ce double attentat, que sa mort doit purger,
Nous avons et les dieux et nous-même à venger.

MAXIMIN.

Je crois que le préfet, commis à cet office,
S’attend aussi d’en faire un public sacrifice,
D’exécuter votre ordre, et de cet insolent
Donner ce soir au peuple un spectacle sanglant,
Si déjà sur le bois d’un théâtre funeste,
Il n’a représenté l’action qui lui reste.