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C’est d’un bras qui l’irrite arrêter la tempête
Que son propre dessein attire sur sa tête,
Et d’un soin importun arracher de sa main
Le couteau dont lui-même il se perce le sein.

MARCELLE.

Ah ! seigneur, il est vrai ; mais de cette tempête
Le coup frappe sur nous s’il tombe sur sa tête,
Et le couteau fatal que l’on laisse en sa main,
Nous assassine tous en lui perçant le sein.

OCTAVE.

Si la grâce, Seigneur, n’est due à son offense,
Quelque compassion l’est à notre innocence.

DIOCLÉTIEN.

Le fer qui de ses ans doit terminer le cours
Retranche vos plaisirs en retranchant ses jours :
Je connois son mérite et plains votre infortune ;
Mais outre que l’injure avec les dieux commune,
Intéresse l’état à punir son erreur ;
J’ai pour toute sa secte une si forte horreur,
Que je tiens tous les maux qu’ont soufferts ses complices,
Ou qu’ils doivent souffrir pour de trop doux supplices.
En faveur toutefois de l’hymen fortuné
Par qui tant de bonheur à Rome est destiné ;
Si par son repentir, favorable à soi-même,
De sa voix sacrilège il purge le blasphème,
Et reconnoît les dieux auteurs de l’univers,
Les bras de ma pitié vous sont encor ouverts.
Mais voici le préfet : je crains que son supplice
N’ait prévenu l’effet de votre bon office.