Page:Jean le Bel - Chronique - tome 1.djvu/21

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Quelque amateur de rimes avait voulu raconter dans un de ces poèmes souvent interminables, comme on en fit un si grand nombre au xive siècle, la guerre qui venait de s’engager entre Édouard III et Philippe VI. Sans doute, comme le dit Jean le Bel dans sa préface, l’auteur sacrifia souvent la vérité à la rime, car il l’accuse d’être rempli de « bourdes » et d’histoires « mal creables et ainsy comme impossibles ». Or, ayant pris part ou ayant assisté à un grand nombre de faits qu’il voyait ainsi dénaturés, de plus vivant au milieu de chevaliers et de seigneurs qui s’étaient distingués dans les différentes luttes soutenues par Édouard III depuis son avènement au trône, il lui était facile, tant à l’aide de ses souvenirs qu’à l’aide des récits qu’il recueillerait de la bouche de personnes dignes de foi, de raconter d’une manière plus exacte les débuts du règne d’Édouard III et de la guerre de Cent ans. En outre, comme le dit encore Jean d’Outremeuse, Jean le Bel, pour être certain d’avoir rapporté avec exactitude les événements consignés dans sa chronique, la présenta à Jean de Beaumont et à d’autres personnages, afin qu’ils pussent bien mettre au point chacun des faits dont ils avaient été témoins.

Cette règle adoptée pour la rédaction de cette chronique ne put être appliquée à l’œuvre entière, mais seulement aux trente-neuf premiers chapitres. En effet, Jean d’Outremeuse dit que Jean le Bel fit faire deux manuscrits de sa chronique, dont l’un fut offert à Jean de Beaumont et l’autre resta entre ses mains. Jean de Beaumont étant mort le 11 mars 1356[1], et, dès les chapitres xliii, xliv, xlv, Jean le Bel rapportant

    l’autre, lequeile je ay mis en mon present croniques, nient toute ensemble, mains la mateire de cascon faite à le daute à chu afferantes, enssi qu’ilh appert chi après. »

  1. Biographie belge.