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Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/162

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échalote et ses amants

rido » décrétait Blandine en agitant les bras, « Bien sûr que ça va faire un beau brin d’artiste » ajoutait Plumage, qui croyait de son devoir de répondre aux baisers d’Échalote par d’autres baisers cueillis dans sa barbe de vieux Pandore.

Rentrée dans la loge commune aux goualeuses de lever de rideau, Mominette y trouva, avec les mines stupéfaites et envieuses de ses camarades, ces quelques lignes griffonnées au dos du programme et remises par une ouvreuse :


« Impossible de gagner ma carrée sans t’avoir vue. Grouille-toi pour semer ton vieux pendant quelques broquilles. Je t’attends devant le métro de la place Pigalle. Si tu ne venais pas, je serais capable de rappliquer à Cocardasse.

« Toto. »


— La barbe et la jambe ! — s’écria Échalote qui, toute à son succès, n’avait nulle envie d’être inquiétée par des gêneurs.

— Quoi, — fit une gommeuse, — ce chahut ne te suffit pas ?

— S’agit bien d’ça. Ah ! les hommes ! Quelle plaie ! Quelle engeance !

Déjà il lui poussait, avec les rayons de la gloire, les ailes du génie de l’orgueil. On n’est pas artiste sans se révolter contre les contingences bourgeoises et l’autorité des mâles ne va pas de pair avec les aspiration des femmes affranchies. Volontiers, ce soir, elle eût accepté de souper en la compagnie d’hommes

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