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Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/218

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échalote et ses amants

— Tu parles de ta maîtresse ? — se permit Gratin.

— D’Échalote, de mes affaires, de tout.

— Il me semble alors que tu pourrais bien gueuletonner chez moi. Tu entres ici me souffler mes clients. C’est cynique.

— Tavernier de mon cœur, tais-toi. Ce soir il me faut des lumières, des danses et des mirlitons. Quand tu auras inauguré tes soupers cosmopolites nous ne t’abandonnerons plus. En attendant, peuh, peuh, fiche-nous la paix et viens, toi aussi, cette nuit, sabler le champagne du confrère et prendre de la graine d’orgie et de rigolade.

— Ah bien, elle est fraîche leur rigolade. On s’embête à crever dans cette cave.

— Prouve-nous que tu fais mieux qu’eux.

— Ma maison vient de naître.

— L’avaleur n’atteint pas le nombril des almées.

— Et, avec tant d’esprit, qu’est-ce que tu prends ? — questionna M. Gratin chez qui le limonadier réapparaissait entre et pendant les discussions.

— La porte… L’air est fraîche, comme dit Plumage, l’atmosphère est ambiante, comme déclare une de mes voisines qui couche avec un homme de lettres. Je pars convoquer les copains.

M. Plusch, de plus en plus en veine, eut celle de trouver ses amis, et, à l’heure fixée, de les contempler le ventre à table, la serviette sous le menton et le verre en main. Échalote, mal démaquillée, figurait à ce repas nocturne, mais son humeur, radieuse le matin à la réception des gages d’amour palpables, s’était

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