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Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/219

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encore un endroit où l’on s’amuse

assombrie avec la fuite du jour. Elle songeait à Victor, tellement taciturne qu’il n’avait pu regagner sa chambre sans aller, au Casino de Clignancourt, pleurer dans son corsage, à M. Dutal, qui, par pneumatique, venait de la supplier d’éloigner son père, ne fût-ce qu’une minute, le lendemain. « Vers six heures, — écrivait-il, — une petite fille, même honnête comme toi, peut suggérer à son papa d’aller prendre une absinthe à la brasserie. Je ne peux vivre à l’idée que nous serons séparés complètement pendant plusieurs jours. Donc, ma mignonne, je sonnerai chez toi à l’heure indiquée. Reçois-moi dans le costume que tu voudras… Tu sais celui que je préfère. » Or, pour calmer Victor, elle lui avait promis de se débarrasser de M. Plusch vers le même moment et de l’attendre impasse Blanche-Neige. Ils avaient omis de spécifier le costume de la réception. C’était un détail auquel elle ne s’arrêtait même pas, n’en étant point à ces cérémonies ridicules entre gens pressés de goûter une copieuse et fougueuse revanche. « Que de turbin, — se disait-elle, — que de boulot pour concilier ses intérêts, pour contenter son chéri et les poires. »

Pourtant les tziganes râclaient, sur leurs violons, leurs valses les plus entraînantes. L’air, empesté de tabac, de sueur et de peau d’Espagne, était à la joie. Des odalisques dansaient des bras et de l’abdomen, des Espagnoles agitaient leurs croupes drapées de châles écarlates, des petites négresses se désarticulaient dans de diaboliques cake-walks et des Pari-

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