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Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/46

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échalote et ses amants

vent il glissait à un garçon de café affilié à une bande de books quelques cinquante sous représentant la place de plusieurs canassons, et chaque fois qu’une pièce de cinq francs alourdissait son gousset, il la mettait à la disposition de la première petite cocotte venue, pourvu qu’elle eût la peau fine et moins de vingt ans. Au surplus, sa vie matérielle était assurée par des parents, furieux de voir un des leurs incapable de devenir ou de rester millionnaire, mais indulgents pour cette nature sans méchanceté et sans duperie qui les « tapait » avec le sourire aux lèvres et ne leur gardait pas rancune de leur charité.

Toutefois, M. Plusch n’était pas complètement inactif. De ses jours d’opulence il avait conservé des relations : c’étaient pour la plupart des directeurs de théâtre, des tenanciers de tavernes, des boursicotiers, des hommes d’affaires sans références et sans patente, mais décorés d’ordres multicolores et ronflants. Avec le concours des uns il s’était ruiné, avec l’aide des autres il lui arrivait de faire aboutir des combinaisons financières au détriment des peu intéressants petits capitalistes. Alors, aux jours modestes succédaient les nuits d’orgie et de bombance. Tant que durait l’argent, on en jetait sur les tables des restaurants chics et dans les sacs à main des belles empanachées. Les bénéfices bus, mangés et… couchés, on reprenait son ordinaire aux gargotes montmartroises et l’on aimait les gigolettes.

M. Plusch avait organisé son existence sur les principes d’une philosophie aimable et complaisante.

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