Aller au contenu

Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
psychologie du vieux rigolo

Comme le Manolesco de Pierre Weber il avait adopté cette maxime : Tout s’arrange, mais la faisait suivre de ce complément lapidaire : en bien ou en mal. Quand le baromètre était au bien il jouait au grand seigneur ; quand il était au mal, il se consignait dans son rez-de-chaussée.

C’était d’ailleurs à ces périodes de portion congrue qu’il était redevable de ses plus grandes satisfactions charnelles. Si l’on considère que la femme, cotée entre cinq et dix louis après la trentaine quand on la rencontre dans les music-halls ou les bars à la mode, a coûté de cinq à dix francs lorsqu’elle avait seize ans et qu’elle fréquentait les faubourgs, on félicite le dilettante assez expérimenté pour faire coïncider son summum de volupté avec ses économies monétaires. M. Plusch était parmi ces malins. Au lieu de louer un logement dans quelque maison sévère d’un quartier tranquille, il avait opté pour Montmartre, contrée éloignée de sa famille patriarcale et d’où ses fredaines ne parviendraient que très atténuées aux oreilles de ses moralisateurs inutiles.

Son rez-de-chaussée était d’ailleurs une habitation idoine aux rendez-vous galants et unique en son genre. Deux pièces seulement, chambre et bureau, plus une cuisine habilement transformée en cabinet de toilette et d’hydrothérapie. Là, ce n’étaient que céramiques plus ou moins polissonnes, que peintures murales allégoriques et pimpantes. Des nymphes folâtraient sur des prairies, des satyres les poursuivaient de façon assez habile pour utiliser les robinets

* 39 *