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Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/51

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psychologie du vieux rigolo

bonne grâce avant, pendant et après le nettoyage du logement ou le raccommodage des hardes. Or, il excellait dans ces exercices d’élémentaire psychologie et, où d’autres se fussent fait expédier au diable, il récoltait mille délicates œillades et un non moins grand nombre de complaisances intimes dont ses sens émoussés avaient le plus grand besoin.

— J’ai, — disait-il parfois, — une figure qui attire ou la gifle ou le baiser, peuh, peuh.

Or les gifles étaient rares, sauf en manière de plaisanterie féminine, et les baisers pleuvaient dru.

Un matin, pourtant, on l’avait vu entrer au restaurant Robinet, rue Lepic, dans un piteux état. La veille, en quête de frissons d’un genre plus pimenté, il était descendu souper aux Halles. Après quelques explorations dans les boîtes d’apaches, il avait échoué à l’Ange Gabriel et là, remarquant deux superbes créatures bâties comme des gardes municipaux et casquées d’accessoires en celluloïd, il les avait conviées à monter terminer leur nuit dans son rez-de-chaussée. Qu’arriva-t-il ? À quels dangereux assauts se livrèrent ces Messalines de bouges à débardeurs et à postulants assassins ? Personne ne le sut jamais, car M. Plusch ne voulut rien en dire. Toujours est-il que, ce matin-là, il avait la figure — cette figure pour la contemplation de laquelle sa mère avait sacrifié quinze cents francs de bougies — en capilotade, les mains écorchées et le crâne — ce crâne réduit à l’état d’œuf d’autruche pour avoir trop longtemps frôlé le bois d’un lit trop court — strié de telles

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