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tique écorce, comme disait si bien Louis Fréchette, ils ont l’âme d’un héros. Duval était piqué dans son honneur, et jamais que je sache, un vrai Canayen-français a faibli sur ce terrain-là.

« Or, continua Courtemanche, j’avais choisi comme second témoin un comédien, et tous deux nous allâmes à la « Boucane » régler les préliminaires de la rencontre. Tout avait été prévu et il fut décidé que l’on se rencontrerait le lendemain à neuf heures (ce qui était plus convenable pour tout le monde) et que l’arme de combat serait le pistolet.

« Philias Duval s’en était retourné chez lui et je ne le revis que le lendemain matin à sept heures lorsqu’il se présenta chez moi.

« Vous êtes prêt ? lui dis-je.

« Oui, je suis prêt, me répondit-il. Je suis cependant, je vous avoue, assez fatigué car j’ai veillé une partie de la nuit.

« Vous ne pouviez dormir, étant nerveux sans doute, l’idée de ce combat vous aura enlevé le sommeil, lui demandai-je.

« Non, répondit-il en secouant la tête, ce n’est pas cela, mais ayant réfléchi je me suis dit qu’on ne savait jamais comment des rencontres de ce genre pouvaient se terminer et…

« Et ?… fis-je en le regardant.

« J’ai fait de l’écriture et préparé un document que je vous apporte, si toutefois l’aventure se terminait à mon désavantage, je vous serais reconnaissant de le faire parvenir à mon notaire à Montréal.

« Et tirant une grande enveloppe de sa poche il me la tendit.

« Vous pouvez lire l’adresse de celui à qui je la destine, me dit Duval.

« En effet, je pus lire le nom d’un de nos notaires les plus en vue de Montréal, et je pensais que ce diable de Duval avait le jugement mieux placé qu’il n’en avait l’air.

« Une fois habillé, je conduis Duval à la salle à manger et je l’invitais à prendre le déjeuner avec moi.

« Le repas fut vite expédié et lorsque nous sortîmes, j’aperçus le second témoin qui venait, ayant pour la circonstance revêtu une redingote noire style 1830, ce qui lui donnait assez bien une allure de croque-mort.

« Maintenant que nous voici tous réunis, partons si nous ne voulons pas être en retard, lui dis-je.

« Je les conduisis prendre le bateau-mouche et nous remontâmes la Seine jusqu’au débarcadère de Saint-Cloud.