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tion se composant d’une maisonnette non loin de laquelle se trouvait une grange et un poulailler.

Cette île était pour Philias tout un monde, c’est là qu’il aimait se retirer loin des tracas de la vie et bien souvent il en avait parlé à Baptiste Courtemanche et lui avait donné non seulement les particularités mais aussi le moyen de s’y rendre.

L’entrepreneur lui avait donné pour une raison à lui seul connue le nom d’« Île de la Barbotte Amoureuse ».

Madame Duval connaissait bien cette île, mais la trouvait trop éloignée et manquant de confort, c’est pourquoi elle n’y venait que très rarement. L’entrepreneur y vivait donc pour ainsi dire seul, n’y ayant avec lui que son fidèle serviteur, Alphonse, qui lui servait tout à la fois de valet de ferme, de cuisinier et de valet de chambre.

Tous les matins, Alphonse partait avec la chaloupe à gazoline et se rendait à St-Barthélemy et allait chercher au village les provisions et en même temps se rendait au bureau de poste prendre le courrier de son maître.

Un matin, l’illustre Alphonse était donc parti suivant son habitude et s’en était allé au village. Philias Duval, histoire de se donner de l’exercice, faisait du bois qu’il allait ensuite placer dans une caisse qui se trouvait près de la cuisine.

L’entrepreneur était donc occupé à ce charmant ouvrage, lorsque soudain son attention fut attirée par un bruit étrange qui semblait venir de l’autre côté de l’île. On eut dit comme le bruit que produisent les ailes de moulins à vent, mais beaucoup plus rapides et d’une intensité singulière. Étonné il resta tout d’abord les bras en l’air, puis déposant la hache par terre il résolut d’aller voir dans la direction d’où venait cet étrange tapage.

Il traversa donc le potager se dirigeant vers le bois lorsqu’il vit deux hommes sortant de la fourrée et se dirigeant de son côté.

« Que diable, qu’est-ce que cela peut bien être ? se demanda-t-il.

Et mettant une main devant ses yeux pour mieux voir, il s’arrêta et poussa un cri : « Pas possible ! »

Dans ces deux hommes qui marchaient en agitant leurs bras, il venait de reconnaître ses vieux amis Baptiste Courtemanche et Titoine Pelquier.

En effet, c’étaient nos héros, qui après avoir déclaré la guerre