Page:Jehin - Les aventures extraordinaires de deux canayens, 1918.djvu/9

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Shawinigan) ne se lassait de contempler toutes ces merveilles avec un provincial ébahissement.

« New-York, disait-il à Baptiste, c’est tout de même ce qu’il est convenu d’appeler une grosse paroisse. Les bâtisses y sont d’une hauteur à vous donner le vertige, leur construction ne manque pas d’une certaine originalité et de grandeur, et si les Américains continuent, on ne sait où ils s’arrêteront, et on frémit en songeant aux cités fabuleuses qu’habiteront nos arrières-petits neveux. Vois ces automobiles qui sillonnent en tous sens les avenues et les rues. Les voitures à chevaux deviennent de plus en plus rares, et si cela continue, nos fiers coursiers ne se verront plus que comme curiosités dans les jardins zoologiques.

Tout ce que tu me dis là c’est pas « battable ».

« C’est le progrès, mon cher ami, dit Baptiste en souriant, et nous sommes encore qu’à la genèse du grand bouleversement scientifique qui va bouleverser le monde. La guerre actuelle aura été la source d’un grand nombre de découvertes et de perfectionnements qui n’auraient sans elle jamais vu le jour ou du moins n’auraient été étudiés et mis en pratique qu’à une époque beaucoup plus tardive. Vois ce qui se passe en ce moment dans la vieille Europe, tout est mis en mouvement pour perpétrer le crime, assouvir les passions destructives les plus subtiles, employer la science pour accomplir la destruction et faire servir le mot civilisation comme camouflage de la haine et de l’hypocrisie. Rien n’a été négligé, l’éther, le sol et les ondes. L’homme aujourd’hui ne se contente plus de s’entregorger sur la terre, mais comme des taupes se fraient des voies souterraines pour mieux frapper leurs victimes. Le ciel est sillonné d’aéroplanes et de zeppelins qui planent dans les airs, vont scruter les posi-