Page:Jehin - Les aventures extraordinaires de deux canayens, 1918.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
10

tions ennemies et porter la mort. L’océan est envahi par des sous-marins qui traîtreusement ne se contentent pas de couler les navires de guerre, mais frappent aveuglément ceux portant les femmes, les enfants et les pauvres blessés, ceci en se servant du mot « Kultur » pour cacher celui de férocité.

Pelquier écoutait toutes ces belles paroles d’une oreille distraite et lorsqu’ils furent arrivés au niveau de la vingt-huitième rue il dit à son ami :

« Tout ce que tu me dis là c’est pas « battable », mais je n’en commence pas moins à sentir mon estomac qui me dit que l’heure du « lunch » ne doit pas être éloignée.

Courtemanche qui lui aussi avait faim, conduisit son ami dans un restaurant français où tous deux s’apprêtèrent à faire honneur au repas.

« Alors, fit Pelquier en attaquant une excellente côtelette aux petits pois, tu me disais donc que tu n’avais qu’à tendre la main pour saisir cette bonne dame Fortune.

« Il en est pourtant ainsi, répondit Baptiste, et je désire te convaincre par d’autres arguments que de vaines paroles, mais par des documents et des chiffres.

« Diable, fit Pelquier, cela devient sérieux.

« D’autant plus, continua Courtemanche, que ces chiffres et documents sont à même de convaincre les plus incrédules.

« Et ces documents, tu les as avec toi ? demanda Pelquier.

« Non, je les ai chez moi, dit Baptiste. Nous irons tantôt les chercher et je te les lirai ce soir à tête reposée.

« En attendant, fit Titoine, dis-moi un mot de tes voyages en Europe, surtout sur ton séjour à Paris, ville que j’ai toujours rêvé de visiter.

« Paris, mon cher ami, dit Baptiste Courtemanche, voici la ville par excellence que tout homme intelligent doit connaître. C’est le centre incomparable dans lequel se concentrent toutes les grandeurs de la pensée humaine et comme disait si bien notre grand poète Louis Fréchette :

Paris, ce boulevard de dix siècles de gloire,
Orgueil et désespoir des rois et des césars,
Foyer de la science et temple des beaux-arts,
Folle comme Babel, sainte comme Solime.

Oui, mon vieux, dans cette ville-là, vois-tu, il y en a pour tous les goûts. Veux-tu travailler la musique, la peinture, la littérature, tu y trouves tout ce que tu peux désirer. As-tu des vel-