Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/496

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« Vous régnez déjà sans nous, et plaise à Dieu que vous régniez, en sorte que nous aussi, nous régnions avec vous ! » 1Co. 4, 8. David parle à peu près dans le même sens : « Ils ont levé leur bouche vers le ciel, et leur langue a passé sur la terre. » Psa. 72, 9. S’ils montent aussi haut que l’aigle, – eux-mêmes s’arrogent le droit de se comparer aux aigles, qui se rassemblent sur le corps du Seigneur – s’ils bâtissent leur nid au milieu des astres, je les repousserai de là, dit le Seigneur. Mat. 13, 1 seqq. De même que, pendant le sommeil du père de famille, l’homme ennemi vient semer l’ivraie parmi le bon grain, de même ce grand aigle, Eze. 18, 1 seqq. aux larges ailes, aux membres développés, aux plumes abondantes et diverses, ayant un accès libre au Liban, enlève de la cime des cèdres, et plante sur les grandes eaux, dans la pensée que les plants deviendront ceux de la vigne, et brilleront plus tard parmi les astres de l’Église, dont il est dit : « Les justes étincelleront comme les étoiles. » Mat. 16, 43. J’ai dit plus haut que cela pouvait s’entendre aussi contre la domination de la chair ; car ses forces sont amoindries par l’avènement du Christ ; elle est désormais méprisable et soumise à l’empire de l’âme. C’est vainement qu’elle tache de s’élever, étant reléguée dans les cavernes de la pierre, des sens ou des pensées ; c’est vainement qu’elle veut subjuguer l’âme, exalter son pouvoir, se persuader que ses œuvres ne peuvent être dépassées. Il lui est signifié que ses efforts sont inutiles, qu’elle a beau se redresser, imiter le vol sublime de l’aigle, séduire même beaucoup de saints, le Seigneur l’a soumise et terrassée. Ce que nous disons des hérétiques et de la chair, on pourrait également l’entendre des Juifs.

« Si des voleurs s’étaient introduits chez toi, ou des brigands la nuit, comment te serais-tu préservé ? N’auraient-ils point pris tout ce qu’il leur eut fallu ? Si des vendangeurs étaient venus chez toi, ne t’eussent-ils pas laissé au moins un raisin ? Comment donc ont-ils scruté Esaü et fouillé toutes ses cachettes ? » Abdi. 5. Les Septante : « Si des voleurs ou des brigands étaient entrés chez toi pendant la nuit, où te serais-in conduit ? n’auraient-ils pas emporté ce qui leur eût suffi ? et si des vendangeurs étaient venus chez toi, n’eussent-ils pas laissé un raisin ? De quelle manière n’a pas été fouillé Esaü et n’a-ton pas surpris toutes ses cachettes ? » Jérémie tient le même langage, quoique dans un ordre différent : « Si des vendangeurs avaient fondu sur toi, est-ce qu’ils ne t’eussent point laissé un raisin ? Si c’eût été des voleurs de nuit, ils auraient dérobé sans doute ce qui leur aurait suffi. Mais moi, j’ai découvert Esaü, j’ai mis à découvert ce qu’il tenait caché, et impossible de le soustraire. » Jer. 49, 9-10. Voici ce qu’il dit : Si ces voleurs et ces larrons qui ont l’habitude de surprendre les habitations, la nuit, et de dérober ce qu’elles contiennent, avaient pénétré