Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/106

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la paix. O Juda, célébrez vos jours de, fêtes, et rendez vos vœux, parce que Bélial ne passera plus à l’avenir parmi vous : il a péri tout entier. » Nah. 1, 15. Je laisse de côté, pour un moment, la version des Septante, parce qu’il y a confusion chez eux entre les versets eux – mêmes, à cause de la variété d’interprétation ; après avoir, en peu de mots, résumé le sens historique, je chercherai à concilier leurs paroles avec la logique des idées. Il est écrit au livre des Paralipomènes que, Sennachérib assiégeant Jérusalem, on ne put célébrer la Pâque au premier mois, 2 Ch. 32, et que son armée ayant été exterminée par l’Ange, quand on eut appris sa fuite et sa mort, cette grande solennité de Pâque fut fêtée au second mois. C’est là ce que dit la prophétie ; O Juda, qui règnes à Jérusalem, bannis toute inquiétude, après que ton ennemi a été mis à mort dans le temple de son dieu. Voici que vers toi vient un messager, franchissant montagnes et collines, et, comme du haut d’un observatoire élevé, t’annonçant de loin que Sennachérib est mort, que ta capitale est délivrée de son despotisme. Célèbre tes fêtes, rends à Dieu, pour la fin tragique de ton ennemi, les vœux que tu lui avais faits ; à l’avenir, le prédicateur et l’apostat – car tel est le sens du mot Bélial – ne traversera plus ton territoire. Il a péri tout entier, c’est-à-dire, l’armée et le roi et l’empire des Assyriens sont détruits de fond en comble. Voilà pour le sens littéral. Au figuré, il est dit à l’Église, aux âmes qui confessent le Seigneur : Le diable, qui portait auparavant ses ravages chez vous et vous accablait de son joug écrasant, a péri au milieu des idoles et avec les idoles qu’il avait fabriquées ; célébrez vos fêtes et rendez à Dieu vos vœux ; chantez sans cesse sa gloire avec les Anges, parce qu’à l’avenir ne passera plus parmi vous Bélial, dont l’Apôtre a dit : « Qu’y a-t-il de commun entre le Christ et Bélial ? » 2 Co. 6, 15 ; Ninive étant détruite, il a péri sans retour. S’il arrivait une terrible persécution, comme sous Valérien, Dèce et Maximien, lorsque apparaîtrait la vengeance du Seigneur contre ses adversaires, nous dirions à l’Église : Célébrez vos fêtes, ô Juda, et rendez à Dieu vos vœux, etc.
Les Septante : « Célébrez vos fêtes, ô Juda, rendez à Dieu vos vœux, parce que vos ennemis à l’avenir ne passeront plus pour vous emmener dans la vieillesse. Tout est achevé, tout est consommé ; celui qui souffla sur votre face est venu et vous a délivré de la tribulation. » J’ai déjà dit qu’à raison de la divergence d’interprétation, les versets eux-mêmes ne finissent pas au même point, et que le sens selon l’hébreu ne peut convenir à la version des Septante. Voici donc ce qui est dit : O enfant de l’Église, puisque le bruit du nom de vos ennemis ne se propagera plus, que leur verge a été mise en poudre, que vos chaînes ont été rompues, et que