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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/12

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un héritier, vous qui habitez dans Marésa », est une charmante allusion au nom lui-même : Marésa veut dire héritage ; il appelle donc héritiers les ennemis qui doivent l’envahir, et Marésa, c’est-à-dire l’héritage, s’étendra jusqu’à Odolla, ville de Juda. Cette Odolla est célèbre parmi les villes d’Israël. C’est également, la traduction de Symmaque : « Je t’amènerai aussi un héritier pour toi, habitation de Marésa ; il viendra jusqu’à Odolla de la gloire d’Israël », pour dire qui est glorieuse entre les villes d’Israël ; et il est écrit de la « gloire » au génitif singulier et non « les gloires » au nominatif pluriel. Entendons-le du moins de cette manière : La captivité d’Israël, qui comprend Lachis, Geth et Marésa, s’étendra jusqu’à Odolla ; et si nous pressons encore le terme de la gloire d’Israël, disons que c’est par antiphrase, pour exprimer son ignominie ou sa ruine. Plus haut, nous avons interprété la ville du prophète Morasthi par héritage, avertissons donc le lecteur que, également dans le verset que nous avons écrit : « C’est pourquoi il enverra des émissaires sur l’héritage de Geth », l’hébreu porte, pour « héritage de Geth », le terme Maraseth Geth. C’est en suivant l’hébreu que jusqu’ici et d’après nos lumières et les leçons de mes devanciers, j’ai conduit comme j’ai pu ma nacelle à travers les rochers et les plus redoutables écueils ; est-elle entrée au port ou erre-t-elle encore sur l’onde ? j’en laisse le jugement à la prudence du lecteur.
C’est en nous confiant à vos prières que nous allons à d’autres flots, et quand de toutes parts, dans cette exposition, nous sommes menacé de naufrage, évitons-le, si nous le pouvons. Geth veut dire pressoir ; ceux donc qui sont dans Geth, c’est-à-dire dans le pressoir, se figurant qu’ils ont vendangé le fruit de la vigne, après avoir foulé la grappe de la vigne de Sorec, s’exaltent orgueilleusement, sans savoir que la grappe de la terre de Judée ne se trouve point dans les pays des étrangers. Gardez-vous, dit-il, de vous enorgueillir, vous qui êtes dans les pressoirs, parce que votre vigne est du plant de Sodome, et vos provins de Gomorrhe ; c’est le raisin de l’amertume, c’est la grappe de fiel pour vous ; votre vin est la fureur des dragons et la rage sans remède des aspics. Et si vous en avez du fruit, puisque votre vendange est non-seulement de Sodome et de Gomorrhe, mais encore de l’Égypte et autres nations ennemies, le Seigneur le livrera à la nielle, et vos labeurs à la sauterelle, et détruira vos vignes par la grêle et vos mûriers par la gelée. Ne vous laissez point tromper par la ressemblance du vin, et no prenez point l’amer pour le doux ; goûtez avec soin votre vin, et vous distinguerez du vin de Sorec la fureur des dragons et le venin des aspics. Aussi ne vous livrez pas à l’orgueil, mais humiliez-vous davantage sous la puissante main du Seigneur, et passez à ce pressoir dont celui qui monte d’Edom et vient tout empourpré de